William Bevan alias Burial enregistre Untrue seul dans sa chambre du sud de Londres. Samples R&B trafiqués, vinyles crépitants, beats brisés : le dubstep devient mélancolie urbaine. Archangel transforme Ray J en fantôme numérique. L'album impose un genre mutant, entre garage UK et ambient post-industriel.
Avec Keep the Faith, Bon Jovi tente le virage post-glam : adieu refrains saturés, bonjour l'introspection FM. Richie Sambora élargit sa palette, clavier en avant, groove ralenti. Bed of Roses s'impose en slow radio, entre confession et emphase. Le groupe amorce sa mue adulte sans renier sa veine populaire.
Enregistré à Londres, Red Roses for Me marie punk et folklore irlandais sans nostalgie. Banjo, accordéon, guinches de pub et colère sociale : Shane MacGowan éructe des ballades crasseuses comme Streams of Whiskey. Premier album abrasif, bancal, mais déjà unique au catalogue. Le folk devient bagarreur et poétique.
Entre funk poisseux et murmures désabusés, L’Homme à tête de chou narre la jalousie d’un homme qui sombre. Gainsbourg, seul narrateur, dissèque son double avec un phrasé las. Ma Lou Marilou épouse la chute, sensuelle et tragique. Conçu avec Alan Hawkshaw, l’album mêle poésie noire et groove vénéneux.
Combinant enregistrements studio et live, King of the Blues capture la transition de B.B. King vers un blues plus urbain. Guitare fluide, vibrato expressif, chant habité : Sweet Little Angel devient un standard. Avec Lucille pour alliée, King impose un style direct, élégant, qui influencera plusieurs générations.
Conçu comme une suite unique de 55 minutes, The Incident de Porcupine Tree explore l'obsession contemporaine pour les faits divers. Steven Wilson tisse riffs lourds, nappes aériennes et ruptures abruptes. L'écriture prog devient narration fragmentée. Le disque scinde entre concepts introspectifs et éclats métalliques.
Dix ans après Don’t Look Back, Tom Scholz finalise seul Third Stage dans son studio-maison. Guitares compressées, voix cristallines, solos calibrés : la power ballad Amanda devient un tube FM. Entièrement analogique, l’album épouse une perfection technique presque clinique. Le rock stadium entre en hibernation numérique.
Enregistré en nomade avec Timbaland, Chris Corsano ou Konono n°1, Volta mixe beats tribaux, cuivres explosifs et mantras électroniques. Björk y clame une énergie vitale, entre féminisme volcanique (Declare Independence) et élan chamanique. Un disque frontal, chargé, où chaque morceau est un appel au mouvement.
Avec His 'N' Hers, Pulp quitte l’ombre et prépare la vague britpop. Jarvis Cocker narre désirs inavouables et classes moyennes sur des synthés satinés et guitares acidulées. Do You Remember the First Time? expose frontalement le trouble adolescent. Le groupe affine son style : ironie pop, mélodrame sexuel, esthétique fluo.
CeeLo Green et Danger Mouse noircissent leur soul sur The Odd Couple. Moins ludique que St. Elsewhere, l’album explore solitude et paranoïa sur fonds de cordes rétro et beats granuleux. Who's Gonna Save My Soul condense ce virage mélancolique. Une pop psyché hantée, traversée de spectres analogiques.
Troisième volet du King Crimson des années 80, Three of a Perfect Pair juxtapose tension mathématique et sensualité pop. Fripp et Belew opposent complexité rythmique (Industry) à des formes presque FM (Man with an Open Heart). Deux faces, deux pôles : l’album synthétise un équilibre instable, toujours repensé.
Composée pour un film de la Blaxploitation, la BO de Shaft révèle Isaac Hayes en maître du groove cinématographique. Wah-wah syncopé, cordes somptueuses, souffle funk : Theme from Shaft décroche l'Oscar. Plus qu'une bande-son, un manifeste noir, orchestré avec ampleur et sensualité. Le funk devient narration.
Dernier disque du second quintette acoustique, Miles in the Sky amorce une bascule. Fender Rhodes, groove étiré, batterie plus libre : Hancock, Carter, Williams et Shorter préfigurent la fusion. Stuff introduit le clavier électrique avec nonchalance. Davis avance masqué, mais le jazz bascule sur ses pas.
Enregistré à Düsseldorf, Autobahn entérine la mutation électronique de Kraftwerk. Exit les flûtes et percussions : synthés analogiques, vocodeur et boîte à rythmes tracent la voie. La plage-titre déroule 22 minutes de voyage motorisé. Un minimalisme programmé, matrice de la techno et de l'électro futures.