Sur Glory, Perfume Genius retrouve la guitare électrique et une tension plus brute. Enregistré aux Sound City Studios avec Blake Mills, l’album resserre ses thèmes autour de la perte, de l’isolement et du désir. Moins spectral que Ugly Season, Mike Hadreas expose ses failles sans masque.
Chaque râle semble plus ancien que l’instrument qui l’accompagne. Bad As Me est un disque de convulsions, pas de compositions. Tom Waits travaille en rafales, capte l’éraflure, l’instant où la voix cède. Entre fanfare éclatée et blues rouillé, il signe son album le plus resserré depuis des décennies.
Pas de scène, pas de studio chic : Kasabian prend forme dans un cottage minuscule, entouré de champs. Le son, lui, sonne comme une explosion de béton : beats froids, guitares sous tension, arrogance de jeunes chiens. Leur rock électronique se danse avec les dents serrées, comme une menace qui rôde.
Sting renonce aux grandes causes pour observer les petites failles humaines. Ten Summoner’s Tales s’écrit entre deux portes, dans le calme feutré de son manoir anglais. Derrière les mélodies lumineuses, les textes jouent souvent à cache-cache avec la gravité. Un album précis, presque trompeur de simplicité.
Marvin Gaye ne demande pas d’excuse : Here, My Dear crache le divorce en slow motion. Produit dans un climat de ressentiment glacé, l’album déborde d’aveux déguisés en harmonies suaves. Chaque rythme sonne comme une ironie amère. Jamais soul n’avait sonné aussi personnel, aussi embarrassante parfois.
On dirait qu’il surgit d’un autre siècle. Sur Introducing The Hardline, Terence Trent D’Arby insuffle à la soul un orgueil éclatant, mélangeant Sinatra, Otis Redding et Prince sans demander la permission. Tout respire l’urgence : voix perchée, basses épaisses, batterie qui claque sec. Rien n'est bridé.
Sur Between the Buttons, les Rolling Stones testent les limites de leur format. Claviers, cuivres, vibraphones : Brian Jones colore tout, sans dominer. La guitare recule, la voix minaude. She Smiled Sweetly annonce déjà le flou de l’année suivante. Un disque-pont, fragile, où tout vacille sans rompre.
Écrit à six dans une maison isolée, Forever Howlong marque la mue de Black Country, New Road. Plus de guitares, plus de cris : le groupe opte pour une écriture collective, feutrée, presque médiévale. Trois chanteuses, des flûtes, du piano. Moins frontal, plus libre. Le disque ne cherche rien, et trouve tout.